Je n'ai jamais été attiré par les arts martiaux. Plus jeune, seul le catch me fascinait. Je me revois, tard le soir, regardant des combats avec mon petit frère. Tout le reste me rebutait : trop violent, trop réel pour ma sensibilité.

Mais il y a quelques années, lorsque je vivais en Thaïlande, une scène saisissante a bouleversé ma perception. À l’entrée d’un centre commercial, un ring de boxe trônait au milieu d’une foule en effervescence. Deux combattants, sans protection, échangeaient des coups de genou et de coude. Une violence brute, belle, presque spirituelle émanait de cette lutte. La musique stridente qui accompagnait le combat ajoutait une dimension hypnotique. J’étais captivé.

Le moment qui m’a marqué le plus, c’est ce qu’il s’est passé après : les deux adversaires se sont inclinés, ont prié ensemble et échangé une accolade. Ce respect, ancré dans la tradition du Muay Thaï, m’a profondément touché. J’ai alors découvert une discipline où la spiritualité et l’humanité occupent une place centrale. Depuis, je suis devenu un fervent amateur de cet art martial.

Deux ans plus tard, de retour en France, je décide de changer de voie : je quitte mon métier de graphiste pour m’initier au documentaire. Je voulais explorer ce qui fait du Muay Thaï un art si unique : ses valeurs, sa mystique et sa beauté, bien au-delà de sa violence. À une époque où nous avons besoin de nous reconnecter avec le respect, la discipline et le spirituel, ce film pourrait inspirer et guider les jeunes générations.

Pour cela, il fallait trouver des personnages capables d’incarner cette vision. C’est alors que j’ai rencontré Dom Pao, un entraîneur d’arts martiaux. Dans une salle de boxe lyonnaise, bruyante, virile et moite, son calme et sa bienveillance m’ont immédiatement apaisé. Nous avons longuement discuté, et il m’a présenté des figures fascinantes : un jeune prodige d’équipe de France, un champion poids lourd et d’autres encore. Mais c’est en apprenant l’histoire de Tom Wallace que tout a pris sens.

Tom Wallace, double champion du monde de Muay Thaï, est un personnage haut en couleurs. Rappeur, basketteur, mais aussi pratiquant de multiples disciplines martiales, il incarne à la perfection ce mélange de force et d’humanité. Par un hasard incroyable, Wallace et moi sommes nés la même année, dans la même maternité, et avons grandi dans la même ville en banlieue lyonnaise. Ces connexions m’ont poussé à le rencontrer.

Dès notre première discussion, j’ai compris que j’avais trouvé le cœur de mon film. Wallace est charmant, drôle et passionné. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est le lien puissant qui l’unit à Dom. Leur relation évoque celle d’un maître et de son élève dans un camp thaïlandais, mais avec une approche très personnelle, axée sur la fraternité et l’adversité.

C’est décidé, ce sera le thème de mon film : comment une amitié indéfectible devient le socle d’une carrière hors normes. Une histoire inspirante qui mérite d’être racontée.